Publié le Dimanche 21 août 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Accouchement dans la douleur

Certains éditos sont plus difficiles à accoucher que d’autres. Là, tout de suite, tel que vous me lisez, c’est déjà le quatrième que j’écris. Les trois premiers, pourtant prometteurs au premier coup d’œil, ne m’ont finalement pas convaincu. Et hop, poubelle. Ou du moins, dossier « à retravailler ».

Le premier édito que j’ai commencé à écrire est parti d’un article sur la chanteuse Cœur de Pirate et l’homophobie à laquelle elle doit faire face depuis son Coming Out. J’ai commencé à parler de ma jeunesse, des années 80, de la musique des années 80, des films des années 80, de mes potes dans les années 80 qui étaient noirs, juifs, musulmans, homos, asiatiques, et on s’en foutait.
Mais je me suis perdu au fil des lignes et n’ai pas réussi à raccrocher le wagon de l’homophobie actuelle. Surtout que je ne voulais pas non plus occulter l’homophobie et le racisme de l’époque, bel et bien existants.

Bref, j’ai mis le texte au rebus.

Le deuxième édito partait plus ou moins du même sujet, mais je l’abordais au sens plus large. Sur la haine générale que l’on peut voir sur le net, Facebook et Twitter en tête. Deux plateformes clairement complices de cette dégénérescence de l’humanité, puisqu’aujourd’hui, les insultes et menaces sur le net sont moins grave que la publication d’une photo de nichons. Pour preuve, Anna Brolin, présentatrice suédoise, qui a fermé son compte Twitter après avoir reçu des messages tels que « Anna Brolin est une femme faite pour être violée ». Twitter lui avait en effet répondu que ce genre de messages ne constituait pas une infraction et ne nécessitait donc aucune répression. Je voulais donc souligner à quel point « Il y a quelque chose de pourri au Royaume d’Internet » pour paraphraser Billy.
Mais là encore, je n’ai pas réussi à tourner mon édito de manière à en faire un texte éloquent et suffisamment intéressant, me perdant en quelques banalités et apitoiements qui n’étaient pas de circonstances.

Bref, j’ai mis le texte au rebus.

Le troisième édito, finalement, parlait des enfants. Je changeais totalement de sujet, partant sur une interrogation posée par ma chère et tendre épouse, pas plus tard qu’hier : « Les parents cools font-ils des enfants sérieux » ? Et inversement.
En fait, cette réflexion est née d’une constatation. A la maison, je ne me suis jamais retenu question vocabulaire. Les « chier », « bordel », « couille », « putain » et autres « bordel de couille de putain de chier » sont monnaie courante. Pour ne pas dire quotidien. Je n’y peux rien, putain, ça sort tout seul, merde. Je suis un enculé de type vulgaire de mes couilles. Mais faut faire avec, bordel.
Et mes filles ont été éduquées pour justement comprendre que certains mots peuvent être dits par les parents, mais pas par les enfants. Et elles ont parfaitement assimilé la notion. Allant même, désormais, jusqu’à me tancer pour mes écarts de langage. En général, d’ailleurs, plus je déconne, plus elles restent droites et sérieuses.
C’est finalement assez étonnant de voir à quel point je me donne du mal pour ruiner leur éducation, et comme au contraire, ce sont deux petites nanas bien élevées. C’est à n’y rien comprendre.
Mais là aussi, le texte manquait de cohérence et les paragraphes avaient du mal à se relier les uns aux autres.

Bref, j’ai mis le texte au rebus.

Et me voilà comme un âne. Il est midi dans 5 minutes, j’ai trois éditos non terminés sur les bras, et je ne sais pas quoi en faire.