Publié le Samedi 4 juin 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
La chronique cinéma de Paf ! : « Joyeuse fête des mères »
Roses blanches
C’est aujourd’hui dimanche,
tiens ma jolie Maman…
A de très rares exceptions près, la comédie romantique chorale n’est pas une réussite du cinéma US, me semble-t-il.
Je lui préfère de loin son pan britannique à la Mike Newell/Richard Curtis ou français à la Resnais/Bacri/Jaoui, voire Yasmina Reza ou Danièle Thomson quand il leur arrive d’être en forme.
Mais pour tout vous avouer, ce que je préfère, c’est quand même la comédie romantique chorale danoise. Le problème est que Celle qui m’entraine depuis toujours à aller rire et m’émotionner chez Nora Ephron ou Marc Lawrence avec Meg Ryan ou Hugh Grant reste indéfectiblement imperméable au romantisme et à l’humour péninsulaire d’un Thomas Vinterberg, d’un Lars van Trier ou d’un Anders Thomas Jensen.
Et c’est triste d’aller voir une comédie romantique tout seul, sans son Grand amour ! De fait, le souvenir que je garde de ces films est toujours un peu chagrin…
dit, devant le petit lit blanc :
« C ‘est aujourd’hui dimanche… »
Toujours est-il, à mon sens, qu’autant les yankees peuvent parvenir à installer avec talent une troupe sur la durée dans une série télévisée à la « Friends » ou à la « Ally Mc Beal » ; autant au cinéma, ils s’enlisent souvent dans la présentation des personnages, le défaut de drôlerie ou la préférence accordée à tel ou tel personnage intéressant au profit de tel autre, souvent joué ou cabotiné par une star.
Le nouveau film du grand Garry Marshal ne fait pas plus exception à la règle que ses précédents. L’octogénaire semble en effet s’être spécialisé depuis quelques années dans la romcom à thème : la Saint Valentin, la Saint-Sylvestre et aujourd’hui, la Sainte Mère.
A priori, l’idée du film concept n’est pas mauvaise puisque « Love actually » par exemple parvenait formidablement à trouver un équilibre parfait entre humour et émotion, romance et amitié,… Encore faut-il cependant que le panel de situations imposées par le concept soit homogène et « réaliste » si l’on veut un minimum d’empathie du spectateur (ou alors on fait des comédies danoises, pas des romcom MacDo !)
En l’occurrence, je sais pas vous, mais je connais plusieurs mères pour ma part, qu’elles soient ou non au foyer. Et bien, j’avoue que l’exercice de leur profession et/ou de leur bénévolat familial ne leur laisse guère le temps de passer leurs journées à téléphoner aux copines et faire du Pilates ou du jogging en permanence. Maintenant, c’est l’Amérique, alors peut-être que le ménage, le repassage, les courses, la cuisine… se font tout seul là-bas. Fantasia et Mary Poppins réunis ! Personnellement, quand je pense à la mienne, aux parents aux foyers ou à la fête des mères, je pense surtout à des remerciements pour un travail accompli et une formidable abnégation, pas à des cours de Pilates et à « Desperate housewives ». Mais bon, je vous renvoie une nouvelle fois sur le sujet à un chef d’œuvre que je vous ai déjà cité dans ma chronique du Revenant :
Plus que son manque d’intérêt pour ce qui aurait dû constituer son sujet – qu’est-ce qu’une mère et comment la fêter ? -, c’est surtout l’homogénéité de « Joyeuse fête des mères » qui me semble ici poser problème.
Autant Jason Sudeikis, et Jennifer Anniston/Garner nous la jouent réalistes et sobres dans leurs problèmes quotidiens de parents (rapport aux enfants ados, à l’ex-conjoint, à la maladie de l’enfant) comme dans leurs scènes Tex Avery (chute de balcon, bras coincé dans un distributeur de confiserie)...
...autant Kate Hudson et Sarah Chalke profitent de ce que le leur de problème - parents red-neck homophobes et racistes - est caricatural, pour nous jouer en permanence la grande scène du II et faire des mimiques pour voler la vedette à leur(s) partenaire(s).
Quant à Thimothy Olyphant, il démarre sur les chapeaux de roue son numéro de beau brun ténébreux habituel vous regardant d’en dessous (« Die Hard 4 », « Deadwood », « Justified »,…) pour finir le film en père responsable et sympa au charme naturel.
Tout cela fait un petit peu montagnes russes et il est dommage que Garry Marshall n’ait pas réussi à tenir ses acteurs ou à tout le moins à leur donner une direction générale : « jouez-la sobre dans le quotidien et montez en cabotinerie dans les scènes Tex Avery ».
Car le scénario du film est à l’envi de son interprétation : il oscille en permanence entre quotidien parental et comédie disjonctée à la Blake Edwards, émotion et gags absurdes. Pour les amateurs de Tex Avery et Blake Edwards dont je suis, il y a une très belle scène de course poursuite entre police/caravane/char de carnaval représentant un utérus géant, d’où la réplique finale du flic : « Qui a les papiers du vagin ? ».
L’amour de ma vie préfère son pan (pan cucul) « Pretty Woman » mais je retrouve là mon grand Garry Marshall de « Runaway bride » par exemple mais aussi et surtout du trop peu connu « Young doctors in love » (1982), chef d’œuvre absolu à la ZAZ du type « Y a t-il un médecin dans l’hopital ? ».
L’avantage de ce grand écart entre quotidien parental et absurde que fait « Joyeuse fête des mères » est que chaque type de spectateur y trouvera son compte ; l’inconvénient est qu’aucun d’eux ne trouvera le film génial pour son goût propre.
Pourquoi dès lors aller le voir me direz-vous ? Et bien parce qu’on passe au final un assez bon moment avec ces acteurs chevronnés ou avec les petits jeunes que je n’ai pas cité (Britt Robertson et Jack Whitehall, tout notamment :)
mais aussi et surtout parce qu’on passe un excellent moment avec ces inconnus du cinéma de Garry Marshall :
Malgré sa coiffure ridicule, Julia Roberts est impériale comme souvent, et grâce notamment à ses casquettes et au charmant cerveau qu’elles coiffent, Hector Elizondo est magnifique, « as always » comme dit le générique final du film.
D’autant que les jeunes parents pourront apprendre avec Julia au terme du film comment on tient un bébé. Pédagogique en plus « Joyeuse fête des mères » !
Raison de plus pour ne pas se priver de ce film raté, aussi nul et sans intérêt que peut l’être une tablette de chocolat un soir de grand faim amoureusement passé sous la couette.
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