L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 17 novembre 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Ce n'est ''que'' du jeu vidéo, bordel

imageCe n’est « que » du jeu vidéo.
Voilà ma pensée. Mon intime conviction. Je reste persuadé que ce n’est « que » du jeu vidéo. Rien de véritablement important, en somme. Rien de vital. Si demain, l’humanité devait revenir à l’âge de pierre, ce que nombre de films catastrophes nous promettent, qu’en resterait-il ? Ce n’est « que » du jeu vidéo, bon sang.
Non pas que je veuille minimiser l’importance de notre travail ou la place prépondérante de ce média (c’est après tout le premier loisir au monde en termes de revenus générés). Juste remettre les choses en perspective. Rappeler de manière un peu démago que si on lève un minimum le nez de son écran, on se trouve face à des guerres, des viols, une montée insupportable du racisme et de l’homophobie, des gens qui n’arrivent plus à vivre décemment face à l’envolée des prix, des taxes et des impôts tandis que les puissants se demandent si ce soir c’est Langouste ou Homard au menu. Il y a tellement d’autres choses où mettre ses convictions, son énergie, ses indignations.

Nous, on ne parle « que » de jeu vidéo.
Certes. Son rôle n’est pas négligeable. Le jeu vidéo aide malgré tout à sociabiliser à une époque où l’individualisme fait force de loi. Il aide à combattre certaines maladies, comme l’autisme, certaines dégénérescences liées à l’âge, ou même freine le développement de la maladie d’Alzheimer. Il permet aussi de s’évader à une époque où les rêves sont trop souvent piétinés par une réalité de plus en plus étouffante. Il aide à supporter le quotidien, pour beaucoup. On vous vend du rêve. Et c’est déjà énorme.
Mais je reste convaincu que, hé, les mecs, redescendez sur Terre : ce n’est « que » du jeu vidéo. Rien de vital. Avant toute chose, c’est un loisir. Et il serait urgent de retrouver la bonne définition du terme. On ne joue pas nos vies sur la qualité d’un Metal Gear Solid ou le scénario d’un Final Fantasy. On ne décide pas du sort du monde en choisissant Xbox One ou PS4. Et les pôles ne vont pas s’inverser si demain on devient PES à la place de FIFA. Il serait de bon ton que certains comportements démesurés cessent à tout jamais.

imageNotez… c’est en ça également que je me détache pleinement de la quasi-totalité de mes confrères. Je reste persuadé, intimement persuadé que le jeu vidéo, tout art qu’il est, n’est pas nécessaire à l’existence et n’est, finalement, « rien d’important ». Dans le sens qu’il s’agit uniquement d’un simple loisir, au risque de me répéter ad nauseam. Rien de sérieux, en somme. Et qu’à ce titre, la seule passion qu’il doit déchaîner n’est autre qu’une grosse bouffée de plaisir.

Si vous imaginiez la volée de bois vert que j’ai mangé la dernière fois que je me suis exprimé de la sorte… Ces messieurs mes confrères, au melon de la taille d’une pastèque, plus quelques autres dont je ne sais pas exactement quel est leur rôle dans ce milieu mais que nous qualifierons, par pure mépris, de « suppositoires du jeu vidéo », n’y sont pas allés de main morte dans le dénigrement de mes paroles et dans les superlatifs pour définir ce média et l’importance du travail qu’ils abattent. J’avoue avoir été abasourdi de telles réactions, de les voir se prendre pour des apôtres, ou plutôt des Divinités allant répandre la bonne parole à des ouailles toujours plus nombreuses. Plus qu’un simple métier, le jeu serait donc une véritable religion ? Je les laisse à leur onanisme intellectuel et préfère, personnellement, me voir comme un petit artisan du plaisir. Un guide de campagne qui préfère être proche de ceux à qui il s’adresse, d’un côté comme de l’autre, et ne pas s’imaginer, comme eux, au-dessus de la plèbe qui vient les lire ou des éditeurs qu’ils côtoient. Je préfère garder cette âme enjouée et voir le jeu vidéo comme une vraie bouffée de bonheur. M’enthousiasmer devant un bon jeu, et qu’importe s’il n’est ni beau ni novateur, ou si c’est la énième suite d’une série, pourvu qu’il nous transporte. C’est ma vision du métier. Ma vision du jeu vidéo.

Parce que réduire le jeu vidéo, art majeur s’il en est, ou du moins en passe de le devenir, au rang de simple loisir futile, c’est aussi éviter de se prendre au sérieux (ce qui n’empêche pas de faire son métier sérieusement, notez bien). Et quoi qu’on en dise, résister à l’appel de la grosse tête, de l’insupportable manque de modestie qui caractérisent trop de personnes dans ce métier, c’est aussi, finalement, garder une bonne dose de réalisme sur ce qui nous définit, et mieux appréhender chaque jeu, chaque produit, chaque déclaration, chaque décision, chaque nouveauté, avec lucidité.
C’est aussi, malgré tout, garder une âme d’enfant. Parce que le mot le plus important, à mon sens, dans « jeu vidéo », c’est jeu. Et trop ont tendance à l’oublier.

imageVous m’en voyez désolé pour ce métier. Pour le jeu vidéo dans son ensemble, pris au piège entre les mains d’incorrigibles abrutis et d’immatures irresponsables. Mais je ne changerai pas ma façon de voir les choses. Je ne nie pas la nécessité de notre existence, nous autres qui guidons vos achats ou enflammons vos sens à l’aide de quelques bons mots ou quelques déclarations fracassantes. J’en minimise simplement la portée et la trace que nous laisserons sur ce monde. Ce n’est « que » du jeu vidéo. Dans 30 ans, qui se souviendra encore de nous ?

Alors je vous rassure. Je n’essaie pas d’ériger GamAlive comme le dernier bastion de l’indépendance et du bon goût. Déjà parce que le mauvais goût est aussi agréable à élever au rang d’art, pourvu qu’il soit fait… avec goût, justement. Je ne cherche pas à vous dire qu’au-dehors de ces pages, tous pourris, tous vendus, tous merdeux. J’ai, aussi étrange que cela puisse paraître, quelques amis dans ce milieu. Des gens honnêtes qui n’ont pas oublié qu’avant tout, l’important est de prendre du plaisir. Des confrères dont les sites expriment une sincérité touchante et une humilité bienveillante. Des sites qui ont encore une éthique et suffisamment de lucidité pour savoir qu’ils ne vendront pas leur morale pour un clic de plus. Qui préfèreront la sincérité à la putasserie, quand d’autres ont vendu leur âme et traîné le mot « journaliste de jeu vidéo » dans la boue et la fange d’où ils n’auraient, finalement, jamais dû sortir.
Et croyez-moi… vous seriez surpris de voir de quel(s) site(s) je parle.

imageJe fais ce métier depuis plus de 17 ans désormais. Une paye. Et je n’ai ni perdu la passion, ni le plaisir de découvrir dans la boite aux lettres une petite enveloppe matelassée avec un jeu dedans, quel qu’il soit. Je continue de plonger avec délectation dans certains jeux, certains univers, comme un enfant au matin de Noël. J’ai 40 ballets dans mon corps, 10 dans ma tête. Je veux du plaisir, tout simplement. J’ai un appétit Rabelaisien en ce qui concerne le plaisir lié au jeu vidéo. Voire au plaisir tout court, dans la vie. Et j’essaie chaque jour de vous refiler le même virus.

Je vais vous laisser sur ces belles paroles. Parce que malgré tout l’âge me rattrape. « Attention, si tu t’énerves tu vas nous faire un malaise » serait tentée de dire mon amie Stéphanie (je vous ai déjà parlé d’elle ?). La salope, va. Est-ce que moi je lui dis que c’est ridicule de se mettre à lire, à son grand âge (qui est le mien également), des romans pour midinettes de type Buffy contre les vampires et du coup commencer à s’habiller comme une pouf Monster High avec le petit caraco pailleté au-dessus du nombril, les talons compensés, les chaussettes au-dessus du genou et les jupes ras-la-fouffe ? Hein ? Alors laissez-moi m’emporter et pousser des coups de gueule. J’aurais bien le temps d’aller prendre mes cachets après.

 

 
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Commentaires

Ecrit par Mikis le 18/11/2013 à 11:16

 

21

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Inscrit le 21/12/2011

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Ecrit par Costello

Assez d'accord avec l'Edito !
Il faut savoir prendre du recul sur ce qu'on fait...

J’ai 40 ballets dans mon corps, 10 dans ma tête. Je veux du plaisir
40 ballets => 40 balais
dommage que t'as fait la faute car sinon la phrase aurait pu devenir:
[quote]J’ai 40 balais dans mon corps, 10 dans ma tête, 1 dans mon c**. Je veux du plaisir
smiley 27[/quote]
Il n'y a pas d'erreur, Cédric aime beaucoup danser et a une grande expérience dans ce domaine. L'imaginer en tutu peut effectivement causer un traumatisme, mais ça c'est un autre débat.


Tu ne verrais jamais un journaliste de presse de qualité aller 3 jours dans un hôtel de luxe payer par Monsanto manger des petits fours pour ensuite nous pondre un reportage pour nous dire que les OGM c'est bon mangez en.
Si, si, il y en a. Mais souvent le groupe de presse est lié au hobby des OGM et de l'industrie agro-alimentaire, donc tout s'explique si on creuse bien.

Sans prendre la défense de Cédric - il n'en a pas besoin le bougre - mais pour avoir partagé quelques petits fours dans lesdites soirées, je l'ai déjà vu dire tout le mal qu'il pensait d'un jeu à un attaché de presse et, celui-ci faisant un peu la gueule, avouait que oui, son jeu n'était pas celui de l'année, mais bon, c'est son job de le défendre. Au final, il ne me semble pas que ça ait entaché leur relation, bien au contraire. Il faut juste avoir des couilles et être juste c'est tout. Au final, le RP aura tendance à reconnaître la sincérité du journaliste et saura que quand la critique est bonne, elle l'est vraiment. C'est une question de crédibilité, envers les professionnels, mais je pense, surtout, et avant tout, envers les lecteurs.

1444 Commentaires de news

Ecrit par clayman00 le 18/11/2013 à 11:51

 

22

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Inscrit le 03/01/2012

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Ecrit par Djaron

Toi t'as jamais regardé les debats de Gameone :)

si si. mais pas bcp ...

comme pour la plupart des autres site de JV, a partir du moment ou ils font des vidéos (débat ou autre hein ...) ca me saoul.

je prefere lire les journaliste plutot que de les voir
(sauf ta magnifique intervention sur bmf cedric hein ... )

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