L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 6 octobre 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Comment ça, je râle ?

imageLa semaine dernière, on m'a reproché de passer mon temps à râler. J'ai même reçu un mail outré d'un type qui ne comprenait pas la démarche ni l'intérêt de L'Edito du Dimanche, et me conseillait donc de changer de support, voire de style, tout en m'expliquant quoi écrire, et surtout comment l'écrire.
Franchement, me faire passer pour un râleur, hein, c'est aberrant. Moi, râler ? Jamais ! Ou alors juste un tout petit peu. Mais vraiment un tout petit peu. Et encore, c'est juste un simple constat démoralisé face à un monde qui fout le camp sous les coups de boutoir des hordes d'abrutis qui tentent d'imposer leur mode de pensée à la terre entière. Bref, ce n'est pas moi qui ai tiré sur l'ambulance, m'sieur l'juge, c'est elle qui s'est mise dans mon viseur.

Reste que j'en parlais avec "celle-dont-on-ne-doit-plus-jamais-jamais-jamais-prononcer-le-nom" (je vous ai déjà parlé d'elle ?) et nous sommes venus à cette conclusion, moi sans boire, elle on ne sait jamais vraiment, que le mal principal de ce siècle est finalement l'ingérence.

Tout est affaire d'ingérence. Pour ceux qui s'interrogent sur la définition du mot (après tout, si vous avez fait la fête hier, il est encore tôt pour vous), l'ingérence c'est se mêler d'un truc qui ne vous regarde en rien. Et surtout, c'est venir se mêler de la vie des autres. Il existe pour ça de multiples raisons : Parce que vous êtes un sale con, parce que vous êtes moralisateur dans l'âme (et un sale con aussi) ou d'une curiosité maladive (et quand même un sale con), mais globalement, c'est surtout que votre vie est d'une nullité affligeante et que du coup, vous faites rejaillir votre aigreur et vos espoirs déçus sur les autres. Et vous êtes un sale con tout autant.

imageEt je n’y peux rien, moi, mais la connerie crasse et méchante, ça me hérisse le poil et ça me donne envie d’affûter ma batte de baseball. Oui, je sais, je pourrais me taire, faire le dos rond, voire ignorer la situation. Privilégier le silence et l’anonymat. Ne pas faire de vague et me noyer dans la masse sans un bruit. Seulement je n’y arrive pas. Faut que je râle. Que je piétine les abrutis en pleine lumière. Et si possible en hurlant un cri de guerre Apache pour attirer l’attention d’un maximum de gens. Parce que plus il y a de témoins du maravage de stupidité, plus ils vont réfléchir au pourquoi du comment. Et éviteront peut-être, à leur tour, de sombrer dans une telle médiocrité. Ma férocité a un côté enseignement, à bien y réfléchir.

Tenez, prenons un exemple. Nous sommes au supermarché. Vos deux enfants viennent de se tirer les cheveux, se mettre à courir en hurlant au milieu des rayons, se jeter des boîtes de Choco-BN à la tête, décider de tourner autour du caddie en jouant aux indiens (rayez les mentions inutiles). Vous êtes excédés, notamment parce que toute la semaine, vous galérez pour les lever et qu'ils arrivent à l'heure à l'école, alors que le samedi, ils sont debout à 6h du mat (c'est du vécu). En plus, le supermarché le samedi, c'est maxi-bonheur. C'est bourré de saloperies de vieux qui auraient tout le temps de faire les courses dans la semaine mais qui, non, décident de les faire le week-end juste pour faire chier ceux qui bossent !
Et justement, c'est un vieux, ou plus précisément une vieille (on a toujours un doute à partir d'un certain âge, les deux ont de la moustache) qui vient vous dire comment élever vos enfants, outrée que vous ayez osé leur coller une fessée.
Un « monsieur je vous interdis de frapper ces enfants, je vous somme de les laisser tranquilles ! » résonne donc dans le magasin.

Vous, vous avez déjà bien les boules à cause de vos gamins, et du coup, n'avez qu'une envie, c'est de leur en coller une deuxième en leur faisant remarquer qu'à cause d'eux, vous êtes la cible d'une vieille en manque d'attention. En plus, tout le monde vous regarde désormais comme si vous étiez un mélange entre Marc Dutroux et Pol Pot.

imageBon. Je pourrais, honteux et gêné, lancer un timide et bafouillé « mais euh, mêlez-vous de ce qui vous regarde » et quitter prestement les lieux, abrégeant mes courses au risque de me faire cartonner en rentrant parce que j’ai du coup oublié les tampons hygiéniques efficacité anti-tsunami de madame.

Ben moi, non. Déjà, je fais ce que je veux avec mes gosses. Si j’ai envie de les enfermer dans des boites plastiques, c’est mon problème. Faut par contre pas oublier les trous pour respirer. Et si j’ai envie de leur faire tâter de ma paluche parce qu’elles sont insupportables, j’ai tout sauf envie qu’une fossile ménopausée vienne m’expliquer comment éduquer mes gamines.
Du coup, je la regarde méchamment, vous savez, le regard type du psychopathe, un mélange entre Hannibal Lecter et Ed Glein, et je lui conseille de dégager si elle ne veut pas être obligée plus tard d’avaler un ouvre-boite pour manger ses petits pois vu jusqu’où je lui aurai collé la conserve.
Y’a aussi l’option agrippement par le col et trainage jusqu’au rayon des surgelés en lui demandant si elle préfère être congelée au milieu des frites ou des brocolis. Mais c’est gâcher la nourriture. La vieille congelée, c’est sans doute contaminé par la bactérie E.colie.

Mais quoi qu’il en soit, quelle que soit votre réaction, les faits sont là : il y a toujours quelqu’un pour vous pourrir la vie. Toujours quelqu’un pour venir vous dire quoi faire. Quoi penser. Quoi dire. Qui être.

imageJ’avoue avoir du mal, personnellement, à comprendre ce qui pousse un type à venir crier sa haine d’un criminel sur le trottoir d’un tribunal. Même une mère infanticide. Ok, c’est horrible. Mais d’ici à faire le chemin pour venir insulter quelqu’un et lui lancer des cailloux… Je veux dire… faut pas être un peu con, quand même, et avoir une vie si minable qu’on n’a rien d’autre à faire de mieux ?
Et on peut multiplier les exemples. Tenez, manifester contre l’autorisation faite à quelqu’un d’autre de se marier et d’adopter, autorisation qui ne changera strictement rien à votre vie à vous, ce n’est pas aussi être un peu con et vouloir imposer ses propres convictions aux autres ?
Même quand l'Etat, finalement, vous regarde de travers en vous harcelant de messages pour vous obliger à "manger 5 fruits et légumes par jour", c'est de l'ingérence.

Quand je vous dis que tout est affaire d’ingérence. Tout. Partout. Tout le temps.

Et les gens aiment bien ça, venir s'immiscer dans votre vie, dans la vie des autres. Leur dire quoi faire, quoi penser...

Et après, on s’étonne que je sois de mauvais poil certains jours (et y’a des jours tous les jours).

imageJe terminerai par une petite pensée amicale et affectueuse envers mon banquier, pensée qu’il pourra partager avec tous les banquiers de France et de Navarre. Des banquiers « à notre service ». Des spécialistes « à notre service ». Des professionnels « à notre service ». Des succursales « à notre service ». Hé, les mecs. Ouvrir à 09h30, fermer à 12h, rouvrir à 14h30, fermer à 17h30 et n’ouvrir le samedi que jusqu’à midi, vous appelez ça être à notre service ? On n’a vraiment pas la même définition du terme, alors… On n’y pense pas, finalement. Mais en plus d’être des voleurs et des escrocs, les banquiers sont de grosses feignasses. J’aurais dû faire ça, en fait.

Sur ce, je vous laisse. Pas d’édito la semaine prochaine. Je fête mes 40 ballets (j’attends vos cadeaux, bande de chacaux) et du coup, j’aurais autre chose à faire. Comme lire celui, bien carabiné d’après les échos que j’ai pu entendre, écrit par celle-dont-on-ne-doit-à-cause-de-ça-plus-prononcer-le-nom et par ma future ex-épouse.

 

 
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Commentaires

Ecrit par iactus le 07/10/2013 à 11:47

 

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Bah moi quand mes gosses me saoulent, je m'isole et la fessée je la mets à madame smiley 17

PS : perso je suis pour aussi quand c'est occasionnel. (j'ai 3 gonzesses en plus de ma femme)

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