Publié le Dimanche 4 avril 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Je suis l'alpha et l'oméga, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout-Puissant.
- Je suis journaliste. Dans les jeux vidéo.
- (sourire) Ah ça va, c’est cool comme boulot !
Combien de fois ai-je vécu cette situation ? Combien de fois mes confrères l’ont également vécu ?
« Journaliste dans les jeux vidéo », c’est tout sauf crédible. Les deux, « journaliste » et « jeux vidéo » semblent ne pas pouvoir s’unir. Du moins pas sérieusement. Et pour beaucoup, c’est plus un « sketch » qu’autre chose.
Mes parents, même, au début, étaient vraiment sceptiques. Et je crois déjà avoir eu droit à un « et sinon, tu ne veux pas chercher un vrai métier ? ». Ou alors ils l’ont pensé si fort que je l’ai très nettement entendu.
Bien sûr, le temps a passé et aujourd’hui, ils n’ont plus la même vision sur ce boulot. Notamment depuis l’explosion du jeu vidéo en tant que loisir. Depuis la DS et la Wii, en quelque sorte. Sans aller jusqu’à dire que je suis désormais « plus crédible », j’ai acquis une certaine respectabilité.
Quasiment 15 ans de métier.
Aujourd’hui, lorsque je vois de l’amusement dans le regard de mes interlocuteurs à l’énoncé de ma situation professionnelle, je n’en ai cure.
Mais à une époque, à mes débuts, cela me gênait. Me touchait. Me vexait.
Et pourtant, nous sommes bel et bien journalistes. Quoi qu’on puisse en dire. Nous avons même plus de cordes à notre arc que bon nombre de nos confrères qui traitent de sujets « plus sérieux ».
Déjà, il faut savoir que les journalistes d’investigations sont rares. Prendre sa caméra, son appareil photo, son carnet et son stylo, ou ne sais-je quoi d’autre, et aller sur terrain pour soulever un scoop, remuer ses indics, c’est un boulot d’enquêteur que peu font. Ça nous arrive d’ailleurs parfois. Quelques infos exclusives fleurissent parfois sur les sites. Une oreille qui traîne, de bons contacts…
Alors oui, c’est certain, nous ne sommes pas en pleine guerre, caméra au poing, les balles qui sifflent au-dessus de nos têtes… Mais ces journalistes-mercenaires se comptent, notamment en France, sur les doigts d’une main d’un lépreux.
Car la majorité des « journalistes » qui bossent, par exemple, dans les grands quotidiens, bossent principalement sur les dépêches AFP. Dépêches souvent issues de communiqués de presse. Ils les « recopient », les « transforment » pour leur donner un style plus propre au support sur lequel ils travaillent. Vont éventuellement passer un ou deux coups de fil pour avoir un détail ou une réaction (« contacté par nos soins Mr X n’a pas souhaité s’exprimer sur l’affaire en cours »).
Tout comme nous le faisons généralement : nous tirons des infos de communiqués de presse qui nous arrivent et d’infos qui sont tombées sur les sites américains, par exemple. Les USA restent en effet le pôle principal de l’activité du jeu vidéo, là où tout (ou quasiment) se passe.
Ce sont nos dépêches AFP à nous. Nous passons parfois quelques coups de fils pour avoir un détail, ou une réaction, ou savoir si l’info est applicable à notre pays. Mais le boulot reste le même. L’une des différences, et non des moindres, est que nous traitons beaucoup plus d’infos par journaliste, faute de personnel.
Ajouté à cela, nous effectuons parfois des reportages. Là où généralement, ceux qui écrivent les infos via les dépêches AFP ne vont qu’occasionnellement (voir pas du tout) sur le terrain. Cela s’apparente finalement plus aux reportages des magazines d’actualité, genre hebdo ou mensuel. Nous nous déplaçons. Faisons parfois quelques photos, racontons notre périple. C’est sûr, le sujet est plus léger. Mais la forme reste la même. Nous menons des interviewes, également. Un exercice bien plus complexe qu’il n’y paraît. Du moins pour qui ne veut pas faire quelque chose de bateau et… euh… limite chiant.
Et il y a les tests et previews. Tout comme les critiques de livres, de ciné, de musique, nous décortiquons, analysons, éviscérons les jeux pour vous en tirer la substantielle moelle. La différence, peut-être, sur GamAlive, est que nous nous targuons de ne pas être objectifs. Surtout pas. Là où beaucoup de nos confrères affirment l’être, nous sommes convaincus qu’une critique n’est pas objective. C’est impossible. Elle est forcément subjective puisqu’elle prend en compte les goûts, l’humeur et l’expérience de celui qui l’écrit. Car un livre qu’on a aimé, un film qu’on a détesté, et de fait, un jeu qui nous a plu ou déplu, ne plaira pas ou ne déplaira pas forcément tout le monde, à l’unanimité. L’important n’est donc pas de faire un « test objectif » ou non. Ce mot devrait d’ailleurs être banni de nos colonnes et de celles de nos confrères. Il s’agit de faire un test « honnête », tout simplement. Honnête et argumenté. Encenser ou détruire un jeu est chose facile. L’expliquer est déjà plus compliqué.
Nous cumulons donc le boulot de plusieurs personnes, le genre de plusieurs supports.
Alors oui. Le sujet traité est plus « léger ». Un simple loisir. Qui soit dit en passant est, si je me souviens bien, le premier loisir en France, en termes de pognon brassé. Le premier loisir en termes de ventes, peut-être aussi. Devant le film. Peut-être pas devant le livre (j’ai un doute, pour le coup). Le premier loisir au monde, ça c’est certain. Mais nous faisons le même métier. Le même métier que des personnes que l'on appelle "journaliste". Sans sourire.
Voilà. C’était histoire de remettre certaines choses au point. De rappeler que oui, nous sommes bel et bien journalistes. Et inutile de me sortir un « oui mais dans le jeu vidéo, y’en a beaucoup qui écrivent de la merde ou qui ne savent pas écrire ». Je sais. Déjà, ça arrive à tout le monde de se planter sur un article ou deux. Et allez jeter un œil aux quotidiens, hebdo ou mensuels. Vous verrez que pas mal d’articles, par leur forme, leur fond, leur style, ont parfois une odeur de fosse septique.
Je vous le répète. Aujourd’hui, je suis bien dans mes baskets. Cet édito n’est pas même une sorte de recherche de légitimité. Juste une envie de partager de vieux sentiments.
Sur ce, passez un bon dimanche de Pâques. Doucement sur le chocolat.
La semaine prochaine, nous irons mardi, et j’ai assez hâte de voir ça, tâter du Ghost Recon Future Soldier le temps d’un après-midi.
C’est à priori le seul rendez-vous de la semaine, d’ailleurs.
J’en aurais peut-être deux autres, remarquez. Ma sœur est sur le point d’accoucher d’une petite fille.
Et ma belle-sœur d’un petit mec. Les deux à quelques jours d’intervalle. Le Champ’ est déjà au frais.
Quant aux tests de la semaine, vous aurez dès demain, et même si c’est un jour férié, droit à Pokémon Version Or et Argent. , puis plus tard dans la semaine, Picross 3D, et Resonance of Fate. Pour le reste, on verra. De mon côté, je suis actuellement pris par Splinter Cell Conviction, que nous avons reçu en test à la rédac et dont je n’ai strictement rien le droit de vous dire avant le 13 avril. Pas même qu’il est plutôt joli .Pas même qu’il a plein de bonnes idées. Ni que le gameplay est assez particulier. Mais pas déplaisant. Et que finalement, il est plutôt pas mal du tout pour le moment (j’en suis au tout début). Ah, si, je me permettrais juste de dire à UbiSoft de le reporter d’une semaine, voire quinze jours supplémentaires. Non pas qu’il soit buggé, hein. Du tout. Il est même plutôt réussi de ce côté. Juste pour la voix française de Sam Fisher. Il faut la refaire parce que là, euh… elle est complètement nulle.
Sur ce, je vous laisse. J’ai d’autres chats à fouetter. Et ce n’est pas une image.